La sculptrice polonaise Alina Szapocznikow (1926-1973) s’installe à Paris en 1963, dans un contexte particulièrement dense, fait du compagnonnage d’autres artistes, d’amitiés de critiques d’art, de fréquentation de marchand·e·s, de visites d’expositions, de lectures et de débats passionnés. Là, quelques années, elle poursuit son travail débuté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et expérimente la représentation du corps en volume, au moyen de matériaux traditionnels (tels que le plâtre, la pierre ou le bronze), et nouveaux (des matières plastiques de synthèse, dérivées du pétrole). Or au tout début des années 1970, à rebours de ses expériences précédentes, Szapocznikow expérimente un virage en direction de l’art conceptuel, dont la série Photosculptures (1971) présentée dans l’exposition de Jagna Ciuchta, «Le pli du ventre cosmique», est particulièrement représentative. La sculptrice présente alors vingt photographies en noir et blanc d’un chewing-gum mâché, où son corps n’est plus présent que sur le mode indiciaire. La conférence sera suivie par une conversation avec Jagna Ciuchta, qui sera l’occasion d’évoquer la carrière de Szapocznikow de façon plus libre, et de faire résonner sa place dans l’exposition.
Valentin Gleyze
Diplômé de l’EHESS, Valentin Gleyze est historien de l’art, critique d’art et enseignant. Doctorant à l’université Rennes 2, ses recherches actuelles visent à l’écriture d’une histoire culturelle de la sculpture liée au surréalisme et au pop en France, au tournant des années soixante, dans le cadre de sa thèse portant sur les dernières années parisiennes de la sculptrice Alina Szapocznikow (1926-1973). Il est actuellement ingénieur de recherche au Musée national d’art moderne, pour un projet de relecture et d’enrichissement des collections de l’institution, au prisme des sexualités queer.