Avec No Anger, Hartmut Rosa, Christopher Willes, Emma Bigé, Lisbeth Lipari, Roberto Barbanti, Anne Zeitz, Leah Bassel
« Ce qui est entendu est modifié par l’écoute et celle-ci, à son tour, modifie celui ou celle qui écoute. J’appelle cela l’effet d’écoute [the listening effect] » écrivait Pauline Oliveros (1932-2016). À travers la pratique de l’écoute profonde [Deep Listening], la compositrice expérimentale états-unienne développe une conception singulière de l’écoute et de ses effets. En nous inspirant de ses recherches et dans la continuité de l’exposition « Un·Tuning Together » à Bétonsalon, nous souhaitons interroger l’écoute dans sa dimension transformatrice et émancipatrice. Comment une telle pratique peut-elle favoriser des relations de transformations réciproques ? Quels effets peut-elle avoir sur notre rapport à nous-même, aux autres et à l’environnement ?
Pensée comme un triptyque, cette « station » aborde la pratique de l’écoute telle que la conçoit Oliveros à travers trois modalités complémentaires, celles d’une expérience incarnée, écocentrée et collective.
Dans l’œuvre de la compositrice féministe, l’écoute est une expérience incarnée qui mobilise l’ensemble du corps et transcende les limites du sujet. Elle peut être la base d’une relation éthique à l’autre à condition de reconnaître nos vulnérabilités et interdépendances.
Pratiquée en relation avec l’environnement, l’écoute nous fait ressentir une forme de continuité matérielle, un sentiment d’appartenance au monde vivant qui empêche de le considérer comme une simple ressource. L’écoute nous place au sein du monde, plutôt qu’en surplomb.
Dans ses compositions, Pauline Oliveros place l’improvisation au centre d’une dynamique collective comme une « stratégie attentionnelle » qui nous place à l’écoute de soi et des autres. Cette forme d’attention nous permet de faire l’expérience d’un modèle social dans lequel les voix de chacun·e se feraient entendre et la place de l’individu dans le groupe serait en constante négociation.
Dans la continuité des travaux du Laboratoire Espace Cerveau autour du cycle « Comment habiter des mondes cosmomorphes ? », la station 24, The Listening Effect, esquisse la possibilité d’une écoute profonde comme outil de transformation à même de construire un monde commun, fait d’interdépendances et de résonances.
De 14h à 14h25
Introduction par Émilie Renard et Maud Jacquin
De 14h25 à 14h40
Œuvre à l’étude de Pauline Oliveros, Tuning Meditation, 1980
L’ÉCOUTE INCARNÉE
De 14h40 à 15h20
Emma Bigé (Philosophe, travailleuse du geste, compost pour artistes) : Écoute-escargot et oreilles tactiles
De 15h20 à 16h00
Lisbeth Lipari (Docteure et professeure en communications, Denison University, Ohio, EU) : Communicosmology : Vibration, resonance binding, and other gestalts of interlistening praxis
De 16h00 à 16h30
Échanges
– Pause –
De 16h50 à 17h05
No Anger (Artiste) : Œuvre à l’étude : Dans ma voix, d’autres voix, 2023, vidéo, 15’
De 17h05 à 18h
Échanges
De 11h à 12h
Visite guidée de l’exposition « Earth Ears, écouter la Terre avec Pauline Oliveros », à l’Aperto, Fondation d’entreprise Pernod Ricard
De 14h à 14h10
Introduction par Émilie Renard et Maud Jacquin
L’ÉCOUTE DE L’ENVIRONNEMENT
De 14h10 à 14h40
Anne Zeitz (Maîtresse de conférences, département arts plastiques, membre de l’équipe PTAC, Université Rennes 2) : …like a rumble, from the core of the Earth
De 14h40 à 15h10
Roberto Barbanti (Professeur émérite, département Arts plastiques, Université Paris 8) : L’écoute du monde
De 15h10 à 15h40
Échanges
– Pause –
L’ÉCOUTE COMME PRATIQUE SOCIALE
De 16h à 16h30
Christopher Willes (Artiste) : Œuvre à l’étude : To Valerie Solanas and Marilyn Monroe in Recognition of their Desperation, Pauline Oliveros, 1970, interprétation de l’œuvre par Christopher Willes et Public Recordings, 2017-2019, pièce sonore, 20’ (extrait)
De 16h30 à 17h
Leah Bassel (Professeure d’études politiques et internationales, Centre for Trust, Peace and Social Relations, Coventry University, UK) : Listening as Mutual Learning
De 17h à 17h30
Hartmut Rosa (Sociologue et philosophe) : “Give Us a Hearing Heart” : The Listening Society and Its Enemies
De 17h30 à 18h
Échanges
Le Laboratoire Espace Cerveau
Initié en 2009 par l’artiste Ann Veronica Janssens et Nathalie Ergino à l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, le Laboratoire espace cerveau réunit chercheur·es et artistes afin de partager leurs explorations. Transdisciplinaire, collectif et transversal, le Laboratoire se développe par étapes, sous forme de « stations ». Unités d’exploration mobiles, ces stations se constituent de journées d’études, d’« œuvres à l’étude » et se déroulent aussi bien « in situ » à l’IAC qu’« ex situ » dans d’autres lieux. Depuis 2016, le laboratoire a initié un cycle de recherche intitulé « Comment habiter des mondes cosmomorphes ? », où l’humain n’occuperait plus une place centrale mais se penserait à l’intérieur de mondes, notamment non-humain, infiniment plus larges et complexes que lui.
En partenariat avec l’IAC, Villeurbanne.