Dans le cadre du cycle de rencontres « Le corps anarchiste : anatomie des associations volontaires » imaginé par Julie Pellegrin
Dans le cadre de son livre à venir sur les politiques de la performance contemporaine, Julie Pellegrin explore l’hypothèse d’une relation entre pratiques performatives et anarchistes. Avec ce cycle de rencontres, elle propose de se livrer à un exercice d’anatomie spéculative à partir des « Membres et l’Estomac » et de la fiction de corps dissocié suggérée par la fable de la Fontaine.
En bon moraliste, Jean de La Fontaine a tôt fait de rappeler les grévistes à l’ordre et de les remettre dans le droit chemin – celui du travail et du corps de l’État. Mais si les membres n’avaient pas obéi, quelle anatomie alternative auraient-il pu générer ? En refusant de faire corps avec l’autorité, quelles alliances inédites auraient-il pu imaginer ? Ce corps décomposé puis recomposé selon un principe de libre association aurait-il pu être qualifié d’anarchiste ?
La métaphore organique, convoquée dans la fable, entre corps individuel et social a connu un succès croissant depuis le XIXe siècle, y compris chez les anarchistes. Mais pour ces derniers, elle permet de repenser le rapport entre individu et société en termes d’interdépendance, et non d’opposition ou de représentation.
Certaines pratiques artistiques nous proposent des formes non-hiérarchiques de relation à soi et à la communauté, à travers un travail complexe de composition. Cette première séance sera l’occasion de penser avec elles pour comprendre quels corps ingouvernables elles rendent possibles, et de mettre sur la table quelques éléments de réflexion autour du refus, du désordre, de l’hétérogénéité, du libre arbitre et de la réciprocité.