Cette quatrième et dernière séance sera l’occasion d’un échange avec Béatrice Balcou autour de ses œuvres récentes et de la parution de l’importante monographie qui lui est consacrée par MER. Paper Kunsthalle*.
Dans sa conférence, « Blackness and non-performance » donnée au Moma en 2015, le poète et théoricien Fred Moten formulait le concept de « non-performance ». Celle-ci ne désigne pas tant un refus de performer qu’un refus qualifié – hautement stratégique et politique – de performer selon les rationalités normatives qui conditionnent et imposent leurs propres logiques comme les seules possibles et autorisées.
Pour tenter d’appréhender le travail de Béatrice Balcou par le prisme de cette idée, nous effectuerons des allers-retours entre de singulières sculptures de verre renfermant des restes d’œuvres d’art ou des insectes « dévoreurs de patrimoines », un livre à paraître qui met en pièces l’idée-même de monographie pour mieux la réinventer, des cérémonies réalisées sans public, et d’autres « non-performances » en cours de préparation. Nous verrons comment, en travaillant contre et à travers un ensemble de contraintes (économiques, physiques, sociales, matérielles, symboliques, etc.), l’artiste multiplie les variations sur le thème du refus et propose, simultanément, des alternatives qui instituent leurs propres règles. Enfin, nous examinerons ses stratégies artistiques faites de ralentissement, d’opacité, d’anonymat, d’improductivité, d’échelle réduite et de vulnérabilité assumés, pour identifier la manière dont les corps – le sien, celui du public, celui des objets ou d’autres êtres non-humains – résistent aux injonctions de performance néo-libérales.
*La rencontre sera suivie du lancement officiel de la publication Ceremonies &. L’ouvrage revient sur l’ensemble des Cérémonies (2013-2020) en conjuguant les protocoles écrits par l’artiste, des textes d’auteur·ices (Vanessa Desclaux, Christophe Gallois, Zoë Gray, Béatrice Gross, Julie Pellegrin, Émilie Renard, Septembre Tiberghien et Eva Wittocx), ainsi que des correspondances avec des artistes, responsables de collection, galeristes ou éditeur·ices – en autant de perspectives à travers lesquelles on peut suivre la chorégraphie tissée par ces singulières performances, entre gestes de travail et gestes de soin.