Hors-les-murs / « Earth Ears, écouter la Terre avec Pauline Oliveros » à L’Aperto, Fondation d’entreprise Pernod Ricard
Avec Konstantinos Kyriakopoulos et Martha Salimbeni
En écho à l’exposition « Un·Tuning Together : pratiquer l’écoute avec Pauline Oliveros » à Bétonsalon, ce projet propose d’explorer les liens entre Deep Listening et écologie à travers une sélection d’archives et d’œuvres d’Oliveros. Selon elle, « Le Deep Listening consiste à écouter tout ce qu’il est possible d’entendre de toutes les manières possibles… Cette écoute intense inclut les sons de la vie quotidienne, ceux de la nature, de nos propres pensées ainsi que les sons musicaux. Le Deep Listening est un état de conscience augmenté qui connecte l’auditeur·ice à tout ce qui existe. »¹ Cette définition souligne d’emblée la place du vivant dans l’œuvre d’Oliveros — « Mon enfance dans une région rurale du Texas m’a sensibilisée aux sons des éléments naturels et de la vie animale », a-t-elle expliqué à plusieurs reprises — mais aussi et surtout sa conception de l’écoute comme une pratique capable de nous faire prendre conscience de ce qui nous relie au monde. Comme l’écrit la musicologue Denise Von Glahn, « Oliveros adopte une vision holistique du monde et conçoit donc la nature différemment de nombreux·ses écrivain·es, penseur·ses et compositeur·rices qui l’ont précédée. Loin d’envisager la nature comme quelque chose de discret et d’extérieur à elle-même, quelque chose de séparé de l’humanité, Oliveros se considère comme faisant partie d’un continuum vivant. »²
Organisée en cinq chapitres, cette exposition s’intéresse aux différentes manières dont, dans l’œuvre d’Oliveros, la pratique de l’écoute peut nous faire ressentir cette continuité avec le monde vivant. Ici, l’expérience sensible participe d’un projet politique : celui de rompre avec une vision anthropocentrée de la nature en éprouvant l’environnement non plus comme un fond bruyant, un décor aux activités humaines, mais comme une entité active à laquelle nous sommes profondément lié·es.
Dans le prolongement de leurs propositions pour l’exposition à Bétonsalon, Konstantinos Kyriakopoulos et Martha Salimbeni composent ensemble un espace de consultation qui s’inspire des dispositifs des bibliothèques faits de structures porteuses souples. Éclairés d’une lumière douce associée à la somnolence, ces souvenirs sont à réactiver par la lecture, l’écoute, l’interprétation et la rêverie.
¹ Pauline Oliveros, « Quantum Listening : From Practice to Theory (to Practice Practice) », in Sounding the Margins, Collected Writings 1992-2009, Deep Listening Publications, 2010, p. 73.
² Denise Von Glahn, Music and the Skillfull listener : American Women Compose the Natural World, Indiana University Press, 2013, p. 106.
Konstantinos Kyriakopoulous
Né à Athènes en 1994, Konstantinos Kyriakopoulos vit et travaille à Romainville. Sa pratique se développe autour d’un dispositif de prédilection, qu’il décline en fonction des contextes et propos : le lit. Ses sculptures, qui prennent la passivité comme puissance et la collaboration comme méthodolo- gie, sont réalisées avec d’autres artistes (Flora Bouteille, Anaïs-Tohé Commaret, Lucille Léger, Cyriaque Blanchet, Paola Quilici, Raphaël Sitbon), afin d’ouvrir des espaces de création et d’imaginaires collectifs. Le lit n’est pas un thème : c’est un format sur lequel reposent des idées, des formes et des corps. C’est aussi un espace activable par de multiples usages qui désarment les logiques de productivité : un lieu où il fait bon jouer ou rêver, dormir ou faire grève.
Le travail de Konstantinos Kyriakopoulos a été présenté à la Fondation Pernod Ricard (Paris, 2023), à la Chaufferie (Romainville, 2020), à L’Aconservatoire (Noisy-le-Sec, 2022), à monopôle (Lyon, 2022), au Domestic Cult at Scale (Nantes, 2021), à Iveco Nu (Noisy-le-Sec, 2021) à Bétonsalon (Paris, 2021), à Exo Exo (Paris, 2020) entre autres. Depuis 2023, il est en résidence à la Fondation Fiminco (Romainville).
Martha Salimbeni
Martha Salimbeni est graphiste-auteure. Après avoir travaillé à Berlin dans le studio de Manuel Raeder, elle a monté son studio en tant qu’indépendante à Paris en 2010.
Son travail s’inscrit essentiellement dans le champ culturel et artistique. Elle réalise des ouvrages, des identités visuelles, des typographies, des affiches et divers objets imprimés pour des artistes, des galeries, des centres d’art, des institutions artistiques et des associations. Ses réalisations éditoriales et typographiques évoluent souvent dans un contexte collaboratif et pluridisciplinaire. En 2012 elle a co-fondé la revue M.E.R.C.U.R.E. impliquant un programme de résidences et des expositions.
Depuis 2014, en parallèle à sa pratique de de graphiste, Martha Salimbeni enseigne dans le département communication visuelle de l’Institut Supérieur des Beaux Arts de Besançon. Elle y développe des projets pédagogiques et des ateliers de recherches abordant le design graphique comme un outil autonome d’expression, de représentation et de diffusion, comprenant des réflexions féministes, queer et décoloniales ouvertes sur un ensemble pluriel de productions visuelles, littéraires et théoriques.
À l’Aperto, 17, rue d’Amsterdam 75009 Paris, Fondation d’entreprise Pernod Ricard.