Le corps fait grève
Avec Babi Badalov, Amie Barouh, Florian Fouché, Hedwig Houben
Alors qu’un virus mutant pousse les corps à se tenir éloignés ; alors que les sommets de l’État nous répartissent au gré d’obscures priorités sanitaires, une force biologique révèle nos défaillances, nos dépendances, une infinie patience. La crise ambiante est le fond sur lequel se déploie l’exposition, au fil d’une si longue année où la culture a été placée sous le régime du non-essentiel. Cette exposition, qui inaugure le programme d’Émilie Renard à Bétonsalon, propose d’observer ce que la fatigue, la lassitude, l’épuisement recèlent de savoirs expérientiels inexplorés, minorés, placés en veille.
Par la représentation de corps dits, perçus ou identifiés comme vulnérables, l’exposition vise à rendre perceptible le signal faible de leurs puissances. Elle réunit les œuvres de quatre artistes qui s’ancrent dans des expériences de corps affaiblis, empêchés, marginalisés ou rendus invisibles. Il s’agit d’un corps solitaire apportant à l’administration les preuves de son existence légitime (Babi Badalov) ; de Corps, personnage ambivalent qui, profitant du confort d’un canapé, alterne entre concentration et divagations (Hedwig Houben) ; des corps d’amant·es ou d’ami·es animés par la présence d’une caméra qui les déplace et les sépare (Amie Barouh) ; de corps pivotant autour d’un point de bascule entre la position d’assistant·es et celle d’assisté·es (Florian Fouché).
Le titre s’inspire d’une fable de La Fontaine, « Les Membres et l’Estomac », éditée en 1668, dans laquelle les mains, les jambes et les pieds, fatigués de travailler, décident de se mettre à l’arrêt et de cesser d’alimenter l’estomac. La fable décrit un corps dissocié, pris dans un conflit de classe entre les membres travailleur·euses et les organes intérieurs sur lesquels règne l’estomac, dont les fonctions maîtresses – administratives et politiques – s’avèrent être vitales au « royaume » du corps en entier. La crise politique et sanitaire que traverse le corps sera finalement étouffée par le sentiment d’appartenance des organes entre eux, qui remet le corps en ordre de marche.
Le corps fait grève fait l’hypothèse d’un corps mobilisé, délibérément déloyal envers ses fonctions biologiques et rationnelles. Ce titre fonctionne comme une fiction narrative qui précède l’expérience des œuvres, des faits, gestes, dits et écrits qui composent l’exposition, et permet de spéculer sur un corps occupé à se couper de sa tête ; un corps qui ne serait plus tenu à la verticalité ni au fonctionnalisme ; un corps sympathisant avec des anatomies polymorphes qui muteraient en lui, indépendamment de sa volonté.
Babi Badalov
Né en 1959 à Lerik (République d’Azerbaïdjan), Babi Badalov vit aujourd’hui à Paris. Son œuvre explore les limites du langage et s’intéresse notamment à la manière dont celui-ci peut nous isoler des individus avec lesquels nous ne partageons pas la même langue, alors même que la fonction première du langage est de permettre la communication. Par ce biais, l’artiste aborde des questions géopolitiques très actuelles qui font écho à ses propres expériences. Grand voyageur et poète, Babi Badalov intègre souvent ses propres écrits dans ses œuvres, les combinant avec des images manipulées – souvent à caractère fortement politique – pour créer des installations, des objets, des peintures ou bien des performances, qualifiant volontiers son travail de « poésie visuelle ». Ses œuvres sont aujourd’hui entrées dans de nombreuses collections à travers le monde, parmi lesquelles le FRAC Ile-de-France (France), FRAC Midi-Pyrénées les Abattoirs de Toulouse (France), le Russian Museum de St. Petersburg (Russie), le MuHKA Museum Contemporary Art d’Anvers (Belgique), l’Azerbaijan State Museum of Art de Baku (Azerbaïdjan), le Kunstmuseum d’Emden (Allemagne), le Martigny Art Museum (Suisse), la collection Oetcker à Bielefeld (Allemagne), la collection Arina Kowner à Zurich (Suisse), ou encore le Zimmerli Art Museum (New Jersey, États-Unis).
Amie Barouh
Amie Barouh est née à Tokyo en 1993. Elle s’installe à Paris en 2011 et intègre l’école des Beaux-Arts, où elle étudie auprès de Clément Cogitore, de Jean-Charles Hue et de Jean-Michel Alberola. C’est au contact de la communauté rom qu’elle apprend le romani et le roumain. Un jour, un ami lui donne une caméra et lui demande de filmer un mariage ; elle s’y accroche depuis. Je peux changer, mais pas à 100% est son premier film, présenté à Visions du Réel en 2019.
Florian Fouché
Florian Fouché est né en 1983 à Lyon. Il vit et travaille à Paris. Sa pratique de la sculpture engage à la fois des formes documentaires (enquêtes de terrain, photographie, vidéo, dessin) et des « actions proches » : La petite fille punie (2013), Dans le train Lyon-Bucarest (2013), Cabinet d’étude à propos du musée du Paysan roumain (2014), Le musée antidote (2012-2014), ASSASINS. L’atelier Brâncuși recomposé (2015), Hémiplégie (2015), Brâncuși juxtapoisons (2014-2018), Lumières pendues (2013), La plate-forme multimodale. Installation politique (2013-2014, avec Adrien Malcor et Antoine Yoseph), Transport en commun (2015), La chaise d’A.W. (2016), Pour La Ribot (2018), SAFFAdo (2018-2020), Manifeste Janmari (2019-2021). Depuis 2019, il cogère le 10-rue-Saint-Luc (Paris), l’atelier des éditions, L’Arachnéen, avec Sandra Alvarez de Toledo, Violette a et Anaïs Masson. Diplômé de l’Ensba (Paris) en 2009, il a présenté son travail au Palais de Tokyo, à l’Ensba, au CAC Passerelle (Brest), au Carré d’art de Nîmes, au musée Unterlinden (Colmar), au CIAP de Vassivière, au SKC (Belgrade), dans l’atelier d’Eustache Kossakowski chez Anka Ptaszkowska (Paris), au Centre Pompidou (Metz), au Moma (New York), au Muzeum sztuki nowoczesnej (Varsovie)…
Hedwig Houben
L’artiste Hedwig Houben (1983, Pays-Bas) vit et travaille à Bruxelles. Elle a participé à divers projets et expositions collectives, tels que : SWEEP, TAP, SWOOOOOP (M HKA, Anvers, 2019) ; La langue de ma bouche (La Galerie, CAC, Noisy-le-Sec, 2018) ; You and I (Spike Island, Bristol, 2016) ; UnScene (Wiels, Bruxelles, 2015) ; Don’t You Know Who I Am? Art After Identity Politics (MHKA, Anvers, 2014) ; et Six Possibilities for a Sculpture (La Loge, Bruxelles, 2013) ; The Hand, the Eye and It (1646,
La Hague, 2013). Depuis 2019, elle fait partie d’un collectif, avec Rob Leijdekkers et Brenda Tempelaar, qui se concentre sur les modèles d’exposition alternatifs au sein du champ culturel. Elle enseigne actuellement dans le département « Art et recherche » de la St. Joost Academy, à Bréda, aux Pays-Bas.
Dans le cadre du cycle de rencontres « Le corps anarchiste : anatomie des associations volontaires » imaginé par Julie Pellegrin
Atelier avec l’artiste plasticienne Hélène Deléan.
Pour les enfants, de 7 à 12 ans, gratuit.
Atelier modelage intergénérationnel, à partir de 7 ans, gratuit.
Atelier avec l’artiste plasticienne Hélène Deléan.
Pour les enfants, de 7 à 12 ans, gratuit.
Atelier avec l’artiste plasticienne Hélène Deléan.
Pour les enfants, de 7 à 12 ans, gratuit.
Matériaux multiples, sculptures, vidéos
Coproduction : Centre national des arts plastiques (CNAP)
Photo : © Margot Montigny.
Matériaux multiples, sculptures, vidéos
Coproduction : Centre national des arts plastiques (CNAP)
Photo : © Margot Montigny.
Matériaux multiples, sculptures, vidéos
Coproduction : Centre national des arts plastiques (CNAP)
Photo : © Margot Montigny.