Le pli du ventre cosmique
Jagna Ciuchta avec Aïcha et Sheila Atala, Miriam Cahn, Patty Chang, Arnaud Cousin, Chloé Dugit-Gros, Allal El Karmoudi, Fadma El Karmoudi, Karima El Karmoudi, Nan Goldin, Nancy Holt, Marta Huba, Suzanne Husky, Graciela Iturbide, Janka Patocka, Samir Ramdani, Martha Salimbeni, Alina Szapocznikow, Dorothea Tanning, Eden Tinto Collins, T. Venkanna
« J’ai choisi, comme souvent pour mes titres, un registre semblable à la série B, un peu excessif, pas cher et accessible à tou.te.s. Ce que j’aime dans les films de série B, c’est qu’on ne s’y prend pas trop au sérieux, on y est plus dans le plaisir décomplexé que dans l’ambition, tout en traitant des sujets politiques. Les idées que ce titre évoque ne sont pas non plus (en tout cas pas toutes) nouvelles pour mes expositions. Elles retrouvent leurs échos dans toutes les œuvres invitées. Le ventre c’est un centre d’énergie et un carrefour des désirs, de la sexualité, de la respiration, de la digestion, de tous les plaisirs, de la maternité, des sentiments, et des milliards de bactéries. C’est une grotte avec son écosystème et son histoire de l’art, un contenant vivant, un cosmos en soi, un lieu des transformations. J’aime l’idée que l’exposition est un ventre. Il a des plis, endroits des chevauchements d’identités, des contiguïtés improbables, des secrets, des passages vers d’autres dimensions. Le cosmique appuie notre lien avec la Terre et avec tout ce qui nous dépasse. Mais aussi, fait basculer ce titre (et l’exposition) dans une fiction fantastique qui, je l’espère, nous fait sourire. » ¹
Depuis 2011, le travail de Jagna Ciuchta s’amplifie et se complexifie par l’invitation à d’autres artistes au cœur de sa propre pratique. Sous la forme d’expositions collectives, sa pratique évolutive est un vecteur de relations affectives et esthétiques indissociable de sa dimension économique, de son rapport à l’institution et à son milieu. Animée par un souci d’autonomie pratique, symbolique, esthétique vis-à-vis du cadre institutionnel, Jagna Ciuchta définit ses propres outils de monstration et de documentation. Ses œuvres mettent en scène la confusion des registres réels ou fantasmés, des espaces intérieur et extérieur, de soi et des autres dans une forme d’hospitalité radicale. À travers le motif de l’incorporation d’œuvres immergées dans ses scénographies ou ses photographies, Jagna Ciuchta disparaît derrière la figure du commissaire – elle parle de « naive curating » – en jouant avec les marges de l’institution qui l’accueille. Son hospitalité, chargée d’un certain érotisme au sens d’un désir de contact, d’enveloppement voire d’absorption, conduit à une forme d’effacement de soi, de glissement continu, d’instabilité des formes. Jagna Ciuchta fait évoluer ses dispositifs, réorganisant continuellement l’accrochage des œuvres, transformant sa scénographie qui bat de son propre rythme, de son ouverture à sa fermeture. D’un autre point de vue, comme en témoigne la forte présence plastique de sa scénographie, les artistes invité.es sont tout autant contenu.es en elle, assimilé.es, voire digéré.es par sa composition. S’exprime alors la toute-puissance de l’artiste, ses choix arbitraires, affectifs, sa capacité à créer d’autres systèmes de valeurs, d’agir autrement que ne le ferait un.e curateur.rice, en pleine conscience des risques de cannibalisation réciproque inhérents à l’accueil ou au désir de l’autre. L’œuvre de Jagna Ciuchta se tient dans la tension entre ces deux polarités.
¹Propos recueillis par Cécile Archambeaud pour le premier volet de l’exposition au centre d’art image/imatge à Orthez.
Cette exposition est coproduite avec le centre d’art image/imatge, Orthez, où s’est déployé un premier chapitre du 11 juin au 28 août 2021. Elle bénéficie du soutien de la Collection Antoine de Galbert pour le prêt des œuvres de Miriam Cahn, Patty Chang, Graciela Iturbide, Dorothea Tanning et T. Venkanna, du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur pour le prêt de l’œuvre de Nan Goldin, de la galerie Loevenbruck et Piotr Stanislawski pour le prêt de l’œuvre d’Alina Szapocznikow, de Electronic Arts Intermix et du 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine pour l’œuvre de Nancy Holt de la boutique oeufs-de-yoni.com pour l’œuvre de Marta Huba.
Ateliers pour les groupes scolaires (élémentaire et collège, de 8 à 15 ans), dans le cadre de la Journée des Enfants du Patrimoine
Ateliers pour les 7-13 ans, 4 workshops d’écriture et d’improvisation théâtrale, à la carte.
Ateliers intergénérationnels, de 6 ans jusqu’à l’infini
Une proposition de Clara Schulmann
Avec Clémence Allezard, Phoenix Atala, Sheila Atala, Catherine Doste, Maïder Fortuné, Stéphanie Garzanti, Victoire Le Bars, Clotilde Le Bas, Anne Le Troter, No Anger, Gaëlle Obiegly, Cécile Paris, Prichia, Rosanna Puyol, Eden Tinto Collins, Lise Wajeman.
Ateliers papier découpé
Ateliers intergénérationnels, de 6 ans jusqu’à l’infini
Ateliers intergénérationnels, de 6 ans jusqu’à l’infini
Impression sérigraphie sur papier, 102 x 72 cm, 15 exemplaires
Photo : © DR.
Plexiglas noir, panneaux laqués, MDF alvéolé, papiers découpés, photocopies, papier miroir, bandes adhésives, chassis, tissus, dimensions variées.
Coproduction : Centre d’art image/imatge, Orthez
Photo : © DR., © Adagp, Paris, 2021
Vêtements, racine, ventouse, chaînes, sangle de poids lourd, seringue d’injection sous-cutanée (antagoniste des gonadotrophines), boîte plastique, aiguilles, œufs de yoni (améthyste, améthyste foncée, jade blanc, obsidienne dorée), bas nylon.
Photo : © DR.
Vêtement, embauchoirs, cendrier en verre, kit d’auto injection, chaînes, boucles d’oreille, œufs de yoni (obsidienne dorée, obsidienne, quartz cristal, rhodonite), faux ongles, sauge.
Photo : © DR.