Semblable à un petit os de seiche
Avec Juliette Ayrault, Nina Azoulay, Marine Ducroux-Gazio, Michelle Feeley, Anna Giner, Claire Gitton, Victor Andrea González, Hélène Janicot, Nicole et Audrey Prédhumeau
La collective soap a souhaité, pour sa première exposition, inviter dix jeunes artistes diplômé·es ou en quatrième année de l’atelier de Dominique Figarella à l’École nationale supérieure des Beaux Arts de Paris (ENSBA) et de la section Art-Espace, encadrée par Sarah Tritz et Kristina Solomoukha, à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD).
Ces dix artistes partagent une attention singulière à leur quotidien et en récoltent les images, gestes et objets qui deviennent autant de matières à penser (narratives et plastiques) propices à l’émergence d’une œuvre. Cette exposition cherche à rendre compte de cette démarche d’écoute et de vigilance aux signes de notre environnement afin de rendre plus grande, voire immense, cette banalité à priori insignifiante.
« Quand je mange une biscotte bien croustillante, j’entends moins bien la radio ». Nathalie Quintane, Remarques.
Les artistes que nous avons invité·es partagent cette même attention, pourrait-on dire cette même acuité sensible et perceptive au réel, dans l’enregistrement de sa banalité la plus quotidienne. Aussi, leurs gestes souvent ténus et économes tiennent plus du déplacement ou du re-positionnement d’objets manufacturés préfabriqués que du surgissement abstrait d’une forme imaginaire inédite. Comme s’ils cherchaient par leurs gestes à souligner et faire signifier l’existant, le réel latent bien présent mais trop souvent invisible. L’œuvre, dès lors, se propose d’accompagner le regard. Elle oriente, pointe et dé-montre pour « porter » à la vue. Cette action de monstration place ces objets du côté du mini-monument ou de la structure porteuse qui précisément, du fait de sa position, tient, enlace – dans le sens d’accueil et de soutien – et ainsi rehausse l’objet abrité.
Ces objets collectés, souvent boîtes, emballages, cagettes, tissus ou ossatures de plastique, posent la question du rapport pelliculaire de la peau à son enveloppe charnelle. Ce qui s’imprime, fait moule, délimite la matrice et qui, par la suite, s’en détache et s’en absente par un concours de circonstance. Ces objets réceptacles laissés vierges de leur contenant sont donc aussi des témoins, sortes de restes et marques fossilisées de la traversée d’un vivant. D’autres à l’inverse, plus habités, enregistrent les fluides de cet organisme en action et en cristallisent la substance.
Cette mise en évidence du corps ayant quitté son vêtement ou de l’objet extirpé de sa boîte place ces pratiques dans une tension permanente des temporalités, entre absence et présence. C’est peut-être le recours à la narration qui nous permet ici de dépasser ces antagonismes et de fictionnaliser le réel. Plutôt que d’enfermer ces objets dans un rapport exclusivement temporel lié à nos souvenirs intimes enfouis ou partagés – et à ce qu’ils réactivent de mémoire –, il serait peut-être plus judicieux de les penser sur le mode du conte, cet espace narratif autonome et achronique. Aussi, avons-nous déjà pris pour protagonistes l’emballage du paquet de biscuits, la cuillère à café ou la constellation de miettes qui parsèment la nappe du petit-déjeuner ? Les différentes pratiques que nous avons rassemblées nous permettent ainsi de voir comment le réel, si on lui accorde de l’attention, peut devenir matière à fiction.
Collective soap
La collective soap est née en septembre 2022 de l’initiative de 12 étudiant·es du Master « L’art contemporain et son exposition » (Paris Sorbonne Université) soucieux·ses de porter les interrogations, tant plastiques que politiques et affinitaires, de la jeune création. Nous espérons avoir su, dans ce premier projet d’exposition collective, poser les bases de manières de faire qui resteront les nôtres par la suite : l’émulation de la mise en commun et cette capacité d’écoute de l’autre et des choses qui, et ce n’est peut-être pas un hasard, se trouvent aussi être au coeur de notre première exposition, dans les objets qui nous ont intéressés cette année
Les membres de la collective viennent de parcours divers, souvent d’histoire de l’art, de Beaux-Arts, parfois de philosophie, de sociologie et même de médecine. Derrière soap se cachent douze individualités aux sensibilités singulières qui parfois s’accordent, de manière heureuse : Radhia Bouboune, Benoît Le Boulicaut, Clara Cucchi, Aymeri Duler, Eva Foucault, Anna Koch, Thomas Lemire, Alice De Malliard, Natacha Marini, Chloé Poulain, Balqis Tandjaoui et Jun Zhang.
Contact :
Email : collectivesoap12@gmail.com
Instagram : @collectivesoap
L’exposition a été réalisée avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France – Ministère de la Culture dans le cadre de l’Été culturel 2023, l’université Sorbonne – Faculté des lettres, l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, l’École nationale supérieure des Beaux Arts de Paris, Bétonsalon – centre d’art et de recherche, la Contribution de vie étudiante et de campus, le Crous, la Ville de Paris et la Maison des initiatives étudiantes.
Le catalogue a été publié avec le soutien de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard.
18h-21h : Vernissage et présentation de l’exposition en compagnie des artistes et commissaires d’exposition
20h : Performance de l’artiste Michelle Feeley sur le parvis de Bétonsalon, captée par *Duuu radio
Espace de pratique artistique autonome et permanence de médiation sur toute la durée de l’exposition
14h-16h: Atelier avec l’artiste Michelle Feeley.
Pour les 7 à 11 ans. Sur inscription à collectivesoap12@gmail.com
16h-17h30: Atelier avec l’artiste Juliette Ayrault.
À partir de 14 ans. Sur inscription à collectivesoap12@gmail.com
Tout public. Sur inscription à collectivesoap12@gmail.com
All ages. Registration at collectivesoap12@gmail.com
19h: finissage, performance de Nicole
20h: Dj set