Les cris – Résidence en milieu scolaire
Anna Holveck
Le projet « Les cris » d’Anna Holveck se développe autour du cri en tant que forme sonore. Le cri fait appel à des émotions débordantes et créatives telles que la joie et l’excitation ou encore la colère et la peine mais peut-on le détacher de sa charge émotionnelle pour en observer les qualités musicales ? À partir du brouhaha ambiant dans les classes, l’artiste travaille avec les élèves sur la potentialité créative du son de leurs voix ainsi que sur l’écoute de leur environnement. Pour les élèves, ces ateliers sont l’occasion de travailler l’oralité, le sens de l’écoute de soi et des autres et, par-là, d’explorer les outils de l’enregistrement de la voix et du son.
Lors de ce projet, le cri est envisagé comme une manière de s’exprimer – littéralement de presser hors de soi – d’actionner ses cordes vocales par une pression acoustique transmise à l’espace. Les élèves travaillent le placement de la voix criée, et ses extensions vers la voix parlée ou chantée, pour apprendre à crier sans se faire mal ou sans faire mal aux autres. Du nouveau-né dont les poumons s’ouvrent, à la spontanéité des cris réflexes ainsi qu’à l’infinité de cris animaliers, le son crié est premier mais il peut également s’élaborer. Une fois articulé, le cri devient syllabe puis mot. Comment crier à l’écrit ? Les élèves ont ainsi la possibilité d’explorer ce qui leur donne envie de crier.
À l’inverse de cette forme de débordement, ces ateliers sont également l’occasion d’écouter la qualité du silence après le retentissement de ce son à la dynamique explosive. Le cri a une histoire sociale, politique et artistique. En la traversant, les élèves pourront s’interroger sur, par exemple, comment apprend-on à crier aux filles et aux garçons ? Que porte le cri d’un·e seul·e ou d’un groupe ? Ce geste libérateur, permissif et complexe, est une occasion de faire sonner les espaces, de produire du son et de l’écouter se réverberer.
Anna Holveck
Anna Holveck est artiste plasticienne, compositrice et chanteuse, née en 1993. Elle vit et travaille à Paris.
Elle explore les rapports qu’entretiennent les dispositifs de production du son et de la voix avec l’espace, à travers les médiums de la performance, de la vidéo et de l’installation sonore. Les impulsions corporelles de la voix, médium principal de sa recherche, lui permettent d’écouter les qualités de l’espace environnant en l’interrogeant depuis l’espace articulé de la bouche, dans un aller-retour entre intériorité et extériorité. De la même manière, le micro et l’enceinte, toujours portés par le corps, sont les dispositifs de production sonore qui lui permettent d’écouter, de traduire ou de mimer les vibrations du paysage acoustique et politique dans lequel ils s’inscrivent. Ses performances, installations ou vidéos construisent des situations d’écoute immersives qui impliquent autant le corps qui produit le son que celui qui le perçoit, se situant à une frontière confuse entre oreille et bouche.
Plusieurs de ses pièces ont récemment rejoint la collection publique du Frac Île-de-France ainsi que celle du Frac Franche-Comté en 2017. Son travail a entre autres, été montré au Centre Pompidou, à la Fondation Pernod Ricard, au Creux de L’enfer, dans la Vitrine du Frac Île-de-France ou encore à Bétonsalon. Il était récemment visible à l’Institut d’Art Contemporain Villeurbanne lors de l’exposition « Des voix traversées » ainsi qu’aux Instants Chavirés à Montreuil.
Ce projet est réalisé en partenariat avec le Collège Évariste Galois (Paris, 13e) et le dispositif Action collégien de la Ville de Paris, il prend place dans le cadre des résidences artistiques Art Pour Grandir en collège et reçoit le soutien de la Ville de Paris.
Un film réalisé avec Nabintou Camara, Aboubacar Diarra, Coumba Simaga, Yanis Mechbal, Abou Sow, Daniel Berkache, Mariame Dembele, Saléa Simaga, Faustine Gracia, Rania Ghalid, Mariam Dabo et Dianguina Simaga du collège Évariste Galois (Paris, 13ème), Perrine Forest, image.