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    9 esplanade Pierre Vidal-Naquet

    75013 Paris
    +33.(0)1.45.84.17.56
    Adresse postale
    Bétonsalon - centre d'art et de recherche
    Université de Paris
    5 rue Thomas Mann
    Campus des Grands Moulins
    75205 Paris Cédex 13
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  • Co-workers : Beyond Disaster

    8 octobre 2015 – 30 janvier 2016
    God Mode, Ultragramme, 2015

    Antoine Catala, Ian Cheng, Melissa Dubbin & Aaron S. Davidson & Violaine Sautter, Vilém Flusser & Louis Bec, Jasmina Metwaly & Philip Rizk, David Ohle, Agnieszka Piksa & Vladimir Palibrk, Pamela Rosenkranz, Daniel Steegmann Mangrané, Wu Tsang, Nobuko Tsuchiya, Haytham el-Wardany

    Commissaires : Mélanie Bouteloup et Garance Malivel

    Nuageux, glacé dans les faubourgs, froid ce soir, plus froid demain, réchauffement jeudi et vendredi, refroidissement dès samedi, neige fondue dès dimanche, soleils doubles lundi et ainsi de suite, d’après les graphiques quotidiens, indiquant une possible tendance - chaud, froid, plus froid, et cetera, risques de neige à cloques légère à lourde, crachin probable pour terminer le mois artificiel, coupures de gaz à Amarillo, dans la région de Chicago, et Texaco City, pas de lunes ce soir, abritez les animaux si nécessaire, merci de rester à l’écoute...

    Flots d’infor­ma­tions, de mots, de don­nées, de tran­sac­tions déma­té­ria­li­sées, pré­ci­pi­ta­tions, raz-de-marée. Observations inquiè­tes d’une météo déré­gu­lée. Qui de la Bourse ou du temps qu’il fait régit aujourd’hui le cours des choses ? Illisibilités, pré­dic­tions contre­car­rées, logi­ques déli­néa­ri­sées.

    Dans son essai Infinite Game of Thrones (2014), l’artiste Ian Cheng ques­tionne l’évolution cog­ni­tive des indi­vi­dus face à un envi­ron­ne­ment mou­vant, aux règles sans cesse répé­tées et redé­fi­nies : « La crise la plus intime à laquelle nous fai­sons face aujourd’hui réside sans doute dans les limi­tes de la cons­cience humaine à appré­hen­der ce qui relève d’une com­plexité dépas­sant l’échelle humaine. Qu’est-ce qu’une com­plexité dépas­sant l’échelle humaine ? Le stran­ge­love. Le bug de l’an 2000 (Y2K). Le code source ten­ta­cu­laire de Microsoft Windows. La forêt ama­zo­nienne. Le chan­ge­ment cli­ma­ti­que. Les big data. L’anti­ter­ro­risme. Le cancer. La part inconnue d’un uni­vers en expan­sion. Une chose dyna­mi­que com­po­sée d’une inter­connec­ti­vité si vaste et de chaî­nes cau­sa­les si pro­fon­des qu’elle ne peut être assi­mi­lée par les humains comme un tout com­pré­hen­si­ble. Trop de para­mè­tres pour une seule tête. Qui résis­tent à la mise en récit [1] ."

    Nuages de cheuf vagabonds, flox au-dessus de LA, imprévisible, aucune vérification, prévisions minimales, probables sol-ends généralisés, fort indice de chute d’oiseaux à la centaine, rapports précédents non fiables, prématurés, de forts espoirs d’avoir une sem-end aux soleils, sinon pluie et neige fondue.

    Le monde que nous avons bâti semble aujourd’hui repo­ser sur une ambi­va­lence crois­sante : celle d’une inter­connexion tou­jours plus dense per­met­tant l’émergence de nou­veaux modes d’échange ainsi qu’une mise en par­tage des pra­ti­ques et savoirs – confron­tée cepen­dant à une perte de lisi­bi­lité trou­blante, ainsi qu’au péril humain et écologique que peut repré­sen­ter une ère de pro­duc­tion tech­no­lo­gi­que et indus­trielle mas­sive. À l’heure où l’actua­lité se voit mobi­li­sée par la tenue au Bourget de la 21ème Conférence des par­ties de la Convention-cadre des Nations unies sur les chan­ge­ments cli­ma­ti­ques, suite à deux décen­nies de ten­ta­ti­ves de négo­cia­tions inter­na­tio­na­les, il nous importe d’abor­der les rela­tions que nous entre­te­nons avec notre milieu à tra­vers un prisme trans­ver­sal qui tienne compte de don­nées à la fois économiques, cultu­rel­les et socia­les. La dis­tinc­tion encore trop sou­vent établie entre cer­tains pro­blè­mes consi­dé­rés « envi­ron­ne­men­taux » (pol­lu­tion, réchauf­fe­ment cli­ma­ti­que, sau­ve­garde des res­sour­ces natu­rel­les, perte de la bio­di­ver­sité…) et d’autres consi­dé­rés « sociaux » (migra­tions, emploi, iné­ga­li­tés de richesse, racia­les et sexuel­les, santé publi­que, vio­lence…), semble en effet à écarter pour pou­voir penser des répon­ses via­bles aux bou­le­ver­se­ments que nous tra­ver­sons.

    Sept sphères ovales en Scorpion selon les relevés, probable vendredi mortel, risques d’une simili-semaine à deux mardis, crachins saumâtres dans les terres centrales, fonte de pastilles dans les pharmacies.

    En écho à la méta­phore déve­lop­pée par l’écrivain Haytham el-Wardany dans ses Notes sur le désas­tre [2], Co-Workers : Beyond Disaster pro­pose d’explo­rer non la dimen­sion tra­gi­que inhé­rente à la situa­tion de désas­tre, mais les trans­for­ma­tions et formes d’action col­lec­tive qu’elle peut engen­drer. Il y est donc ques­tion d’émancipation et de repos­ses­sion, là où tel que le for­mule el-Wardany, « le désas­tre est un événement col­lec­tif, au sein duquel les indi­vi­dus tou­chés se ras­sem­blent en un groupe et se met­tent en quête d’un nou­veau com­men­ce­ment. En ce sens il s’agit aussi d’un événement poli­ti­que, puis­que le désas­tre est un tâton­ne­ment col­lec­tif vers une réa­lité nou­velle qui per­met­trait fina­le­ment à l’indi­vidu de se res­sai­sir de soi ». Comment, autre­ment dit, faire d’une situa­tion cri­ti­que le fer­ment d’un renou­vel­le­ment qui soit pensé à une échelle à la fois per­son­nelle et com­mune [3] ?

    Le gouvernement relâche le contrôle lunaire. Les lunes se comportent de manière imprévisible. Il vous est expressément demandé de ne pas sortir.

    Co-Workers : Beyond Disaster pro­pose d’opérer un dépla­ce­ment du regard, un chan­ge­ment de pers­pec­tive s’appuyant notam­ment sur la puis­sance spé­cu­la­tive du récit et de la science-fic­tion afin de repen­ser nos maniè­res d’habi­ter notre envi­ron­ne­ment. Rassemblant une dizaine d’œuvres sou­vent issues de pro­ces­sus col­la­bo­ra­tifs, l’expo­si­tion est ponc­tuée tout au long de son ouver­ture de temps de réflexion et de pro­duc­tion publics. Des artis­tes, cher­cheurs ou mili­tants enga­gés dans dif­fé­rents champs ont ainsi été invi­tés à par­ti­ci­per à une série d’ate­liers et de ren­contres, avec notam­ment des étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris Cergy et de l’uni­ver­sité Paris Diderot. Décalant la focale au-delà du seul point de vue anthro­po­cen­tré, les appro­ches et les œuvres ici réu­nies per­met­tent une prise en compte renou­ve­lée d’autres formes de vie, de com­mu­ni­ca­tion et d’inte­rac­tion. Co-Workers : Beyond Disaster est ainsi pensé comme un lieu activé par la recher­che de nou­vel­les syn­taxes et de nou­veaux lan­ga­ges – gageant que les pos­si­bi­li­tés futu­res d’exis­tence et de coha­bi­ta­tion seront condi­tion­nées par une atten­tion ouverte à des modes plu­riels d’expres­sion et de sen­si­bi­lité.

    Deux soleils fraîchissent à l’horizon, lunes agitées, les animaux devront être mis à l’abri, les voyageurs sont prévenus, toute embarcation doit retourner au port, risque de crue de la Gelée, poissons toxiques à la cime des arbres, le vent présent de nouveau, les températures vont [4] ...

    Mélanie Bouteloup & Garance Malivel

    Télécharger le dos­sier de presse


    Partenaire de l’expo­si­tion
    À l’ini­tia­tive du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Co-Workers se déploie sur deux lieux, selon deux pro­po­si­tions : Le réseau comme artiste dans l’espace de l’ARC du Musée d’Art moderne, et Beyond Disaster à Bétonsalon - Centre d’art et de recher­che.

    Co-Workers : Beyond Disaster béné­fi­cie du sou­tien de la Région Île-de-France, d’Arcadi Île-de-France dans le cadre de Némo, Biennale inter­na­tio­nale des arts numé­ri­ques - Paris / Île-de-France, ainsi que d’Imago Mundi Foundation (Cracovie, Pologne) dans le cadre du pro­gramme Place Called Space (projet co-financé par le European Regional Development Fund du Malopolska Regional Operational Programme pour 2007-2013). Co-Workers : Beyond Disaster reçoit également le sou­tien du pro­gramme UDPN - Usages des patri­moi­nes numé­ri­sés (Idex SPC)

    Notes

    [1] Ian Cheng, « Infinite Game of Thrones », originellement publié en anglais dans The Machine Stops édité par Erik Wysocan, New York, Halmos, 2015. Traduit en français pour le journal de l’exposition Co-Workers : Beyond Disaster.

    [2] Haytham el-Wardany, « Notes on Disaster », texte rédigé en arabe et originellement paru en anglais dans la revue en ligne ArteEast Quarterly, hiver 2015. Traduit en français pour le journal de l’exposition Co-Workers : Beyond Disaster.

    [3] Voir à ce propos l’essai de Giovanna Di Chiro, « Ramener l’écologie à la maison », publié dans l’ouvrage De l’Univers clos au monde infini dirigé par Émilie Hache (Paris, Éditions Dehors, 2014). L’auteure y appelle à un « environnementalisme vivant », au sein duquel les citoyens puissent unir leurs forces afin de préserver, ou régénérer, les écosystèmes qui conditionnent les processus de reproduction dont dépendent toutes les communautés.

    [4] David Ohle, bulletins météo extraits de Motorman ; première publication en anglais en 1972 par Alfred A. Knopf, traduit en français et publié par Cambourakis en 2011.

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