Fonction du regard

Vue de l’exposition de Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize, "Fonction du regard". Leroy Merlin Ivry-sur-Seine, 2010. Image : Romain Ricard.

Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize

Une pro­po­si­tion de Bétonsalon - Centre d’art et de recher­che sur une invi­ta­tion du maga­sin Leroy Merlin Quai d’Ivry

Alors qu’en 1963, les artis­tes Richter, Fisher-Lueg et Polke pro­po­saient dans un maga­sin de meu­bles de Düsseldorf une Démonstration pour le réa­lisme capi­ta­liste, Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize ima­gi­nent un exposé sur la Fonction du regard dans les espa­ces de cir­cu­la­tion du maga­sin Leroy Merlin Quai d’Ivry.

Dessins, vidéos, affi­che, papiers peints, bas-reliefs ten­tent de fixer en deux dimen­sions les fan­tô­mes qui ont tra­versé l’esprit des artis­tes en réflé­chis­sant à leur futur projet pour le maga­sin Leroy Merlin. Projections, désirs, angois­ses, images men­ta­les sont trans­po­sés sur une même sur­face en plu­sieurs cou­ches et opé­ra­tions, inter­ro­geant ainsi l’épaisseur d’une œuvre d’art par la mise à plat de son pro­ces­sus d’élaboration.

Ces aplats sont posés en équilibre sur des bottes de papier recy­clé échouées ici et là parmi les allées et venues des mar­chan­di­ses et des clients du maga­sin. Les des­sins sont com­po­sés à partir d’une grille qui retient che­villes, câbles, vis et autres objets issus des rayon­na­ges ‘bri­co­lage’, ‘déco­ra­tion’ et ‘jardin’. Le film d’ani­ma­tion inti­tulé Les pres­ti­di­gi­ta­teurs du vide joue des codes de la vidéo de démons­tra­tion pré­sen­tant les pro­duits en tête de rayon et se retrouve sur plu­sieurs écrans dans le maga­sin. Il pré­sente un tra­vel­ling sur le péri­phé­ri­que entre­coupé de say­nè­tes où un per­son­nage essaye, mesure, cal­cule, touche, regarde… L’ate­lier des artis­tes se retrouve trans­posé dans le maga­sin sous la forme d’une affi­che monu­men­tale, tandis que des peti­tes sculp­tu­res bibe­lots vien­nent com­plé­ter la devan­ture conçue par les artis­tes.

Tout en ren­dant un subtil hom­mage à l’étalage des meu­bles posés sur socle de la Démonstration pour le réa­lisme capi­ta­liste, la pro­po­si­tion de Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize inter­roge l’inter­pé­né­tra­tion des regards en jeu dans la réa­li­sa­tion d’une œuvre d’art et d’une expo­si­tion. Les artis­tes racontent la recher­che et le tâton­ne­ment qui pré­cè­dent et cons­ti­tuent l’œuvre, et réus­sis­sent à se saisir de leurs fan­tô­mes pour en faire des sup­ports de pro­jec­tions réflexi­ves.

Cette expo­si­tion est pro­duite par le maga­sin Leroy Merlin Quai d’Ivry et a reçu le sou­tien maté­riel de l’ESAD (Ecole Supérieure d’Art et de Design) de Reims et de la société PAPREC . Les objets frai­sés on été conçus et créés en col­la­bo­ra­tion avec le desi­gner Pierre-Yves Le Sonn.