The Magic Circle Atoosa Pour Hosseini
La Cité Internationale
avril — juillet 2024
  Atoosa Pour Hosseini est lauréate de la résidence Cité Internationale des Arts x Institut Français, d’une durée de trois mois, qui s’est déroulée d’avril à juillet 2024. Durant cette résidence, elle a bénéficié d’un atelier-logement à la Cité Internationale pris en charge par l’Institut français, d’une allocation de séjour de 7000€ par mois ainsi que du soutien curatorial et d’une mise en réseau avec des professionnel·les de l’art de la part de l’équipe de Bétonsalon pour l’accompagner dans le développement de ses recherches.   Projet de recherche A la suite d’une résidence au Centre Culturel Irlandais en mars 2024, Atoosa Pour Hosseini a poursuivi ses recherches sur les films produits par des réalisatrices en France des années 1920 à nos jours, telles que Germaine Dulac, Jackie Raynal, Chantal Akerman, Maya Deren, Katerina Thomadaki and Maria Klonaris. Cette résidence à Paris lui a permis de consulter les catalogues de films de Lightcone et du Collectif Jeune Cinéma ainsi que les archives de nombreuses institutions, dont la Cinémathèque française et le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, et d’entrer en contact avec des studios de production de cinéma expérimental. Ces recherches lui ont permis d’approfondir ses connaissances sur les liens entre la performance, les politiques du corps et l’émergence du cinéma élargi.
The Magic Circle - Bétonsalon
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SÉCURITÉ SOCIALE PRÉLUDE – Bourse de recherche et de production ADAGP / Bétonsalon 2024 Florian Fouché
2024
Le comité artistique de la bourse ADAGP/Bétonsalon s’est réuni le 21 mai 2024 et a choisi Florian Fouché comme lauréat. Il est le septième artiste à bénéficier de cette bourse après franck leibovici (2017), Liv Schulman (2018), Euridice Zaituna Kala (2019), Anne Le Troter (2021), Abdessamad El Montassir (2022) et le duo Irma Name (2023). La bourse de recherche ADAGP/Bétonsalon est une dotation de 15 000 € destinée à soutenir un·e artiste dans un travail de recherche sur plusieurs mois. Bétonsalon accompagne l’artiste dans son processus de recherche et de production, l’artiste reçoit 4 000 € d’honoraires et 8 000 € pour la production. Le projet artistique Intitulée SÉCURITÉ SOCIALE PRÉLUDE, la recherche de Florian Fouché s’inscrit dans le prolongement du Manifeste Assisté, une vaste enquête à la fois perceptive et documentaire sur la « vie assistée ». Commencée en 2015, elle trouve son origine dans le parcours de soins de Philippe Fouché, le père de l’artiste, devenu hémiplégique suite à un accident vasculaire cérébral qui, accompagné dès lors au quotidien par son fils, est devenu le principal protagoniste d’« actions proches » où se redistribuent les rôles de soin et les positions d’assistance. Plus de quatre cents « actions proches » ont aujourd’hui été performées et filmées, avec une quarantaine d’« acteur·rices assistant·es- assisté·es ». Activée en mars 2024 avec un premier ensemble d’œuvres, SÉCURITÉ SOCIALE PRÉLUDE identifie des correspondances critiques et des défaillances communes entre deux systèmes du secteur public français, la santé et l’art. De l’histoire de la sécurité sociale aux menaces qui pèsent sur l’Aide Médicale d’État (que l’artiste traduit par Â.M.E.), de la phobie administrative aux fermetures quasi simultanées de l’EHPAD Robert Doisneau (Paris 18e) qui accueillait Philippe et du Centre Pompidou en 2025, Florian Fouché traque les mutations sociétales qui agissent concrètement sur les corps, à l’échelle des individus et de l’imaginaire collectif. Pour la bourse ADAGP/Bétonsalon, Florian Fouché articule sa recherche sur différents fonds de la bibliothèque Kandinsky qui lui permettent de relier institutions médicales et artistiques par le biais de l’histoire des lieux, de leurs architectures, de leurs mutations. Il s’intéressera ainsi aux fonds photographiques Véra Cardot et Pierre Joly, au fonds Paul Nelson sur les architectures d’ateliers d’artiste et d’hôpitaux, ainsi qu’à l’histoire de l’atelier de Constantin Brâncuși. Situé à l’origine impasse Ronsin à Paris, l’atelier fut détruit après la mort de l’artiste afin d’y accueillir une aile supplémentaire de l’hôpital Necker Enfants malades avant d’être reconstitué à son emplacement actuel, en face du Centre Pompidou, par Renzo Piano en 1997. En se penchant sur les correspondances épistolaires de Brâncuși et les photographies de son lieu de travail, Florian Fouché s’attachera à « identifier des spectres d’enfants soigné·es et de soignant·es » ayant pu habiter de manière souterraine et anticipée l’atelier et les œuvres du sculpteur. Dans une autre perspective, Florian Fouché orientera sa recherche autour de la « fonction oblique », un concept développé en 1963 par Claude Parent (en collaboration avec Paul Virilio), qui défie l’orthogonalité de l’urbanisme par un nouveau rapport au plan incliné basé sur une dynamique du déséquilibre. Une fonction à laquelle fait écho dans une dimension fonctionnelle, la rampe d’accès PMR (Personne à Mobilité Réduite). Cette analyse se concentrera sur des documents du fonds Parent, relatifs à ses projets architecturaux comme aux praticables de théâtre, aménagements d’hôpitaux et de centrales nucléaires, ainsi qu’à l’usage dérivé de cette « fonction » proposé par Nicole Parent avec la méthode de « gymnastique à vivre » aussi connue sous le terme de « l’inclipan ». Florian Fouché développera un scénario pour une série de vidéos où des acteur·ices expérimenteront la « défonctionnalisation » d’une rampe PMR et sa transformation en praticable de théâtre public urbain : la « rampe Pèremère ». L’ensemble de ces recherches donnera lieu à une nouvelle actualisation du projet SÉCURITÉ SOCIALE PRÉLUDE lors d’une exposition à Bétonsalon en 2025.
SÉCURITÉ SOCIALE PRÉLUDE – Bourse de recherche et de production ADAGP / Bétonsalon 2024 - Bétonsalon
Trajectoires. Une exposition du Master ArTeC Avec Nina Chiron, Paola Mendoza Osorio, Bruno Pace, Laureen V.V., Lena Karson, Dan Zhu, Zeineb Ghorbel, Hong Qu, Nina Blagojevic, Assia Chabane, Diane-Line Farré, Emilio Sánchez Galán, Matteo Michelini, Alissa Sylla, Lucile Hujeux, Kahina At Amrouche, Younès Guilmot, Tsu-Wei Lu, Maxence Bossé, Pauline Lida Robert, Han Du
17 — 18 juin 2024
Les étudiant·es de 2e année du Master ArTeC vous invitent à leur exposition des diplômé·es, une célébration vibrante de la recherche-création sous toutes ses formes. Ce moment unique se distingue par la multiplicité des médiums et des approches, reflétant des gestes artistiques profondément personnels, inscrits dans des parcours de réflexion et de recherche intimes. Chaque projet exposé retrace des trajectoires singulières à travers la recherche-création, rendant cette exposition indéfinissable autrement que par son parapluie conceptuel. La recherche-création trouve ici sa place à travers de multiples formes : plastique, immobile, performée, visuelle, spirituelle, écrite ou dansée. Les dispositifs présentés déplacent notre regard et invitent à une exploration théorique subtile, souvent invisible mais omniprésente. Comment articuler recherche et création ? Quelle est la place de la théorie dans une exposition ?
Trajectoires. Une exposition du Master ArTeC - Bétonsalon
Trajectoires. Une exposition du Master ArTeC - Bétonsalon
Trajectoires. Une exposition du Master ArTeC - Bétonsalon
Trajectoires. Une exposition du Master ArTeC - Bétonsalon
Trajectoires. Une exposition du Master ArTeC - Bétonsalon
KEEPYOURSPIRITSUP! Avec Clément Courgeon, Louise Siffert, Gwendal Coulon, Costa Badía, et le collectif Ostensible (No Anger & Lucie Camous)
juin — juillet 2024
Aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, le sport est à tel point ancré dans notre quotidienneté qu’il n’y est plus seulement présent sous la forme d’un loisir, individuel ou collectif, ou d’une activité physique régulière déterminée. Il innerve désormais nos jours, irriguant de son vocabulaire nos paroles, d’un bonjour sous la forme d’un « comment ça va champion ? », à un encouragement qui tient tout de la course de fond, « ne te laisse pas abattre, ne lâche rien ! » ; mais aussi le monde du travail, où il est devenu synonyme de réussite, une entreprise insistera ainsi sur « la performance », les « records individuels » et les « victoires d’équipe ». Si le sport se résume de prime abord à une activité physique visant à améliorer sa condition physique (définition du Larousse), il est aussi l’un des principaux vecteurs d’une culture de l’héroïsme, du dépassement de soi avec, mais aussi contre les autres. Or, force est de constater que les penchants agonistiques qui le traversent ont envahi nos vies. L’économiste et sociologue allemand Max Weber soulignait déjà dans ses écrits comment les passions de la richesse avaient tout du caractère d’un sport, tant elles étaient habitées par la logique du combat, de la compétition et de la performance. Devenu un rapport généralisé à l’existence, le sport est ainsi désormais présent hors du sport : « employé à titre de référent, de métaphore ou de principe d’action dans des registres de plus en plus étendus de notre réalité contemporaine, le sport est sorti des stades et des gymnases, il a quitté le cadre restreint des pratiques et des spectacles sportifs : c’est un système de conduite de soi qui consiste à impliquer l’individu dans la formation de son autonomie et de sa responsabilité.¹ » Expression anglo-saxonne que l’on pourrait traduire par « Reste optimiste ! / Garde la pêche et une attitude positive ! / Ne te laisse pas abattre ! », Keep Your Spirits Up ! a justement tout de l’encouragement sportif devenu mantra de vie. Empruntée à une peinture de Sylvie Fanchon – dont l’exposition « SOFARSOGOOD » [jusqu’ici tout va bien] servira de cadre à ce projet de rencontre entre la performance artistique et le sport – cette expression charrie aussi bien ce que l’élan enthousiaste peut avoir de moteur, pour soi mais aussi pour les autres, que l’injonction paradoxale à aller bien à tout prix, à ne devoir qu’être en forme. Keep Your Spirits Up ! réunit ainsi un groupe d’artistes, pratiquant tous·tes la performance, qui ont en commun d’explorer à travers leur travail les notions d’effort, de limite, de fatigue, d’épuisement, mais aussi de repos, de retrait, de dépense et de grève, ainsi que les injonctions sociétales à l’optimisme et à garder le cap. Chacun·e à leur manière, ils·elles convoquent, détournent et interrogent cette culture de l’héroïsme héritée du sport. Et si dans les arts visuels contemporains, l’art de la performance désigne, de manière générale, une action en train de se faire en présence d’un public, le mot désigne aussi une forme d’accomplissement, de succès, en somme une sorte de victoire… Quid de la performance artistique qui résiste et propose une alternative à la performance, à l’épreuve ? C’est ce que ce programme se propose d’explorer en invitant des artistes à échanger avec des sportif·ves pour mieux interroger la wellness culture [la culture du bien être] et ses dérives capitalistes. Quelles places pour des corps hors-tempo, non-performants, inefficaces ? Comment un corps épuisé, qui refuse la performance et résiste aux injonctions de dépassement de soi peut aussi offrir de nouvelles possibilités pour penser le collectif, l’interdépendance, l’attention à soi et aux autres ? Elena Lespes Muñoz
KEEPYOURSPIRITSUP! - Bétonsalon
KEEPYOURSPIRITSUP! - Bétonsalon
KEEPYOURSPIRITSUP! - Bétonsalon
KEEPYOURSPIRITSUP! - Bétonsalon
KEEPYOURSPIRITSUP! - Bétonsalon
Copier-coller – Résidence Art pour Grandir Manon Michèle
septembre 2024 — juin 2025
À quel monde rêver en devenant grand.es ? Comment y rêver ensemble ? Comment l’écrire ? Le projet « Copier-Coller » invite les collégien·nes de l’établissement Thomas Mann à se saisir du monde immédiat et connu pour mieux s’en défaire, le découpant, le déchirant, recollant certains morceaux. En initiant les collégien·nes aux notions d’originalité, de cut-up et de pseudonyme en littérature, ainsi qu’à la technique du sample en musique, l’artiste invite à reconsidérer la façon dont on se perçoit, soi-même et les autres, soi-même en regard des autres. Proposant d’imaginer que chacun·e est constitué·e d’une somme d’influences qui lui est propre, le projet invite à s’inspirer de figures proches ou lointaines pour affirmer sa propre spécificité, en même temps que relativiser ses différences. Portant une voix plurielle et composite, les jeunes développeront – à travers des ateliers d’écriture suivis d’expérimentations sonores et vocales – un univers peuplé des versions rêvées d’elleux-mêmes, où tout est à ré-inventer collectivement. En définissant les paramètres de cet écosystème tels que leurs alter-egos puissent s’y épanouir pleinement, iels projeterons une réalité déterminée par leur désirs, et non l’inverse. Pour ce projet, l’artiste Manon Michèle invite le musicien et producteur Emilien Point Afana à contribuer à la fabrication de ce monde textuel et sonore.
Copier-coller – Résidence Art pour Grandir - Bétonsalon
Copier-coller – Résidence Art pour Grandir - Bétonsalon
Copier-coller – Résidence Art pour Grandir - Bétonsalon
Copier-coller – Résidence Art pour Grandir - Bétonsalon
Copier-coller – Résidence Art pour Grandir - Bétonsalon
« Tu fais comment toi ? » – Programme Culture-Santé Avec Jeanne Bouillard
octobre 2024 — octobre 2025
Poursuivant les liens tissés entre Les Ailes Déployées, une association d’aide à la santé mentale, et Bétonsalon depuis 2024 à l’occasion du « Programme Jeunes Médiateur·ices » dans l’exposition « SOFARSOGOOD » de Sylvie Fanchon, le projet « Tu fais comment toi ? » accompagne plusieurs groupes d’adolescent·es et jeunes adultes – suivi·es au sein des unités de jours de l’Espace Ados, de l’Espace Jeunes Adultes (EJA) et de l’Espace Mogador – dans l’écriture, la conception et la production d’un outil éditorial de médiation à destination du jeune public. Le Bétonpapier est une édition illustrée et ludique dédiée au 6-11 ans qui guide petit·es et grand·es dans la découverte des expositions. Chaque numéro est conçu en collaboration avec un·e jeune illustrateur·ice invité·e et le studio de graphisme Catalogue Général : • Pour l’exposition « SÉCURITÉ SOCIALE PRÉLUDE – Vies institutionnelles » de Florian Fouché: les adolescent·es de l’Espace Ados collaborent avec l’illustratrice Jeanne Bouillard et proposeront une visite guidée aux usager·es de l’Espace Jeunes Adultes. • Pour l’exposition d’Hedwig Houben, les jeunes adultes de l’EJA collaboreront avec un·e illustrateur·ice invité·e et proposeront une visite guidée aux usager·es de l’Espace Ados. • Pour l’exposition d’Orla Barry, les usager·es de l’Espace Mogador collaboreront avec un·e illustrateur·ice invité·e et proposeront une visite guidée aux usager·es de l’Espace Ados et de l’EJA. Mettant au cœur du projet l’appropriation par les participant·es de l’espace du centre d’art et des pratiques des artistes invité·es, « Tu fais comment toi? » invite les voix des participant·es dans les récits transmis aux publics tout au long des expositions en interrogeant les discours « institutionnels » et les savoirs dits « légitimes » sur les œuvres d’art, ainsi que les rôles et les fonctions attendues entre professionnel·les de l’art et visiteur·ses.
« Tu fais comment toi ? » – Programme Culture-Santé - Bétonsalon
« Tu fais comment toi ? » – Programme Culture-Santé - Bétonsalon
« Tu fais comment toi ? » – Programme Culture-Santé - Bétonsalon
« Tu fais comment toi ? » – Programme Culture-Santé - Bétonsalon
« Tu vois je veux dire (suite) » – projet EAC en lycée Fanette Lambey
novembre 2024 — juin 2025
« Tu vois je veux dire (suite) » est un projet d’Éducation Artistique et Culturelle (CREAC) mené par Bétonsalon – centre d’art et de recherche (Paris, 13e), le Centre d’art contemporain d’Ivry – Le Crédac (Ivry-sur-Seine, 94) et la Briqueterie – Centre de développement chorégraphique national du Val-de-Marne (Vitry-sur-Seine, 94), en collaboration avec le lycée Adolphe Chérioux à Vitry-sur-Seine, le lycée Marianne de Villeneuve-le-Roi et le Lycée Armand Guillaumin d’Orly. Initité en 2023-2024, le projet « Tu vois je veux dire » prend pour point de départ le « Programme Jeunes Médiateur·ices » de Bétonsalon et expérimente avec les élèves lycéen·nes différentes formes de médiation autour des pratiques artistiques issues des arts visuels et vivants. Ce projet, qui se poursuit en 2024-2025, contribue par l’observation, l’écoute, la rencontre avec des artistes et des professionnel·les de l’art, le dialogue et la pratique artistique à renverser les rôles et les voix traditionnellement associés aux discours sur les œuvres au sein des institutions culturelles et artistiques, cela en imaginant et en inventant des dispositifs originaux d’accompagnement du public : podcasts, visite dansée, conception et production graphique d’un support d’aide à la visite, etc. En 2024-2025, le projet s’étend à deux nouveaux lycées: les élèves de six classes vont ainsi partager et expérimenter de nouvelles manières de faire et de porter la médiation autour des spectacles choisis par les élèves dans le programme de la biennale de danse du Val-de-Marne portée par la Briqueterie : • Au lycée Adolphe Chérioux, une classe de 2nde option Arts Appliqués travaillera avec l’artiste Fanette Lambey sur le spectacle « Coup Fatal » d’Alain Platel pour éditer un T-shirt et proposer une médiation sapée du spectacle à une autre classe du lycée. • Au lycée Marianne, une classe de 2nde générale travaillera sur un spectacle de la Biennale pour produire une médiation originale auprès d’une autre classe. • Au lycée Armand Guillaumin, une classe de 1ère professionnelle travaillera sur un spectacle de la Biennale pour produire une médiation originale auprès d’une autre classe.
« Tu vois je veux dire (suite) » – projet EAC en lycée - Bétonsalon
Présents épais – Résidence d’écriture recherche-création en Art & Science Phœbe Hadjimarkos Clarke
2024 — 2025
Pour la résidence Présents épais, Phœbe Hadjimarkos Clarke mènera un projet d’écriture autour des incendies, en tressant différents fils narratifs, poétiques, politiques et théoriques – en les superposant, en les opposant, en les entremêlant. Le point de départ de cette exploration est la grand-mère de l’autrice, Clara, firewatch dans l’Ouest étasunien au cours des années 1940 et 1950. Postée plusieurs mois seule au sommet d’une montagne, elle devait repérer et signaler les départs de feu, qui devaient tous être impérativement éteints avant le lendemain à 10h, selon la politique anti-feu en vigueur à l’époque. Subsistent de cette période quelques photographies, des souvenirs racontés, des textes épars, un imaginaire hautement littéraire, mais très masculin : ce type de poste a été occupé et raconté par Jack Kerouac et Gary Snyder par exemple. Serpentant tout au long de sa vie entre rejet des normes de genre et conformisme, la figure de Clara interroge le rapport (genré) à la nature, au feu (du wildfire à l’âtre domestique), et à la rencontre des deux (faut-il éradiquer tout départ d’incendie ou apprendre à vivre avec le feu ?). Une chose est sûre, pour romantique qu’iels soient, les firewatch et la politique du « zéro incendie » au sein de laquelle iels ont œuvré au cours du xxe siècle, en laissant s’accumuler la matière organique et en contrevenant au fonctionnement écosystémique de la région, ont profondément contribué à la situation actuelle dans l’Ouest étasunien, avec des saisons du feu qui durent désormais toute l’année et des « mégafeux » qui ravagent des millions d’hectares, polluant durablement l’eau et l’air ; à la fois conséquence et cause du réchauffement climatique. Car les forêts de cette région, peuplées de pins Ponderosa et Douglas, se sont en réalité développées avec des feux naturels de basse intensité mais aussi des feux dirigés allumés par les natif·ves américain·es, qui assainissaient régulièrement les forêts et qui leur permettaient de prospérer tout en évitant des incendies trop violents¹. En effet, ces espèces de pins, si les spécimens sont assez âgés, peuvent résister aux flammes qui nettoient les sous-bois. C’est donc à la fois l’écosystème mais aussi un certain rapport à la forêt et une écoute du vivant² qui ont été bouleversés par les logiques coloniales et la politique du « zéro incendie » qui en découle, et qui se prolongent toutes deux dans le présent. L’ambivalence de cette histoire, mais plus largement des feux, nourrira l’écriture d’un texte qui mettra en scène plusieurs enquêtes, dont les tentacules se mêleront dans des temps épais comme de la poix : · Une enquête autobiographique : une tentative de reconstituer l’expérience de Clara au sommet des montagnes et de la replacer dans sa biographie avec un période d’enquête de terrain dans les forêts d’Oregon ; · Une enquête scientifique : un état des lieux de la recherche actuelle pour comprendre les dynamiques, les causes et les conséquences des feux de forêt aujourd’hui, qui viendra particulièrement se nourrir des rencontres avec les chercheur·ses du Centre des politiques de la terre. Comment vivre avec le feu, à la fois omniprésent dans nos imaginaires mais absent de nos vies quotidiennes nourries par des feux fossiles venus du temps profond, qui consument invisiblement les ressources de la planète et son habitabilité · Une enquête fictive : un dernier pan du texte imaginera la découverte d’une communauté secrète pyromane, qui vit un feu utopique, heureux et radical, un feu au cœur de la vie. En superposant les faits, les temps et la fiction, ce récit cherchera à révéler la complexité de notre époque, celle du Pyrocène³.  
Présents épais – Résidence d’écriture recherche-création en Art & Science - Bétonsalon
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