Tiphaine Calmettes, Soupe Primordiale
Exposition du 20 mai au 23 juillet 2022
Ouverture le 19 mai, à partir de 16h
Commissaire : Émilie Renard
Tiphaine Calmettes réalise un nouvel ensemble de sculptures où l’on peut s’asseoir et goûter une larme de kombucha, boire une tisane de fleurs gardée au chaud dans le ventre d’une gargouille, se servir un bouillon au creux de croûtes de pain, sentir les effluves tièdes de toute cette cuisine, suivre les filets d’eau baver de la gueule d’un monstre, observer la luminosité ocre passée au filtre d’une mère de kombucha desséchée, palper les anfractuosités terreuses des surfaces autour…
Vue du chantier collectif de La terre embrasse le sol de Tiphaine Calmettes,
ENS Lyon, 2019, terre crue.
Photo : Tiphaine Calmettes.
Ces sculptures sont des assemblages d’expériences précédentes, œuvres ou rebus, qui n’ont pas fini leurs métamorphoses : certaines matières, soumises à leur propre inertie et à l’usure, glissent sous leur propre poids, ou bien, sensibles à la chaleur, elles suintent, craquellent, s’évaporent ; toutes sont vouées à se transformer encore après l’exposition. Qu’elles soient façonnées par des mains habiles ou laissées dans leur état brut, elles poursuivent seules des transformations involontaires. Ces formes souples n’ont pas seulement ingéré les différentes strates du travail de l’artiste, elles brassent aussi des motifs d’époques lointaines – ustensiles anthropomorphes, végétaux rocailleux, bêtes aux becs verseurs… – c’est tout un bestiaire monstrueux extrait d’une sorte d’histoire naturelle imaginaire.
Sculpture en cours de production pour l’exposition Soupe Primordiale de Tiphaine Calmettes, Les 8 Pillards, Marseille, 2022.
Photo : Tiphaine Calmettes.
La " soupe primordiale " est un terme associé à une théorie scientifique selon laquelle la vie sur terre serait le résultat d’une génération spontanée issue d’un milieu suffisamment poisseux et tiède pour faire éclore du vivant. Dans cette soupe primordiale, c’est tout un écosystème qui se maintient en vie. Ces sculptures sensorielles, comme sorties d’une cuisine troglodyte, font de Bétonsalon un lieu habitable. Avec elles, Bétonsalon s’installe dans une forme de domesticité tellurique.
Une exposition coproduite par AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, pour le prix 2020.
En partenariat avec d.c.a, association française de développement des centres d’art contemporain
Mère de kombucha dans l’atelier de Tiphaine Calmettes durant sa résidence au Centre d’art contemporain d’Ivry - le Crédac, 2021.
© Adagp, Paris, 2022. Photo : Studio Kiösk.
Biographie
Tiphaine Calmettes travaille à habiter et aviver les fictions qui façonnent notre rapport au territoire. À travers la pratique de la sculpture, de l’installation et de la performance, elle cherche une mise en mouvement aussi bien des formes que de ses recherches. Une manière d’envisager le processus de production comme un organisme vivant en relation directe avec les espaces qui l’accueillent, les êtres qui le rencontrent et vice-versa. Elle s’attache tout d’abord à développer une forme de vie et d’organicité dans ses travaux. Son intérêt s’est ensuite étendu à l’animation des artefacts aussi bien dans leurs relations aux usages qu’à leur milieu, c’est-à-dire, la manière dont la production d’objets et d’architectures sont animés à la fois par les espèces vivantes ou les énergies qui les habitent, ainsi que par les interactions physiques ou psychiques qu’elles entretiennent avec ce qui les entoure.
Son processus de création est un objet de conversation avec l’histoire des savoir-faire et leur réactivation dans le contexte présent. Ainsi, attentive au contexte de production de son travail, Tiphaine Calmettes collabore avec différents artisans (rocailleur, alchimiste...). Les techniques non formelles, réversibles, éphémères installent l’animation de forme de vie à travers des actions performatives. Sous la forme de « narrations comestibles » ses objets et ses récits prennent vie en revisitant le partage, la commensalité, à travers les saveurs et les rencontres.
Tiphaine Calmettes (née en 1988) vit et travaille à Aix-en-Provence. Elle est lauréate du Prix Aware 2020. Ses œuvres ont été exposées notamment à La Panacée MOCO (Montpellier), à la Zoo galerie (Nantes), au Kunstwerk Carlshütte (Büdelsdorf, Allemagne), à l’École normale supérieure de Lyon, avec la Biennale de Lyon 2019. En 2020-2021, elle a exposé au Centre céramique contemporaine La Borne (Henrichemont), au Centre International d’Art et du Paysage – Île de Vassivière (Beaumont-du-Lac) ; elle a également été en résidence aux Laboratoires d’Aubervilliers et au Centre d’art contemporain d’Ivry - le Crédac. En 2022 Tiphaine Calmettes a participé à l’exposition collective Pionnières à la Zoo galerie à Nantes.
Vue de l’exposition de Tiphaine Calmettes Par le chant grondant des vibrations autour, Centre international d’art et du paysage, Île de Vassivière, 2021.
© Adagp, Paris, 2022. Photo : Tiphaine Calmettes.
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